Le mardi 3 octobre 1950, une journée comme les autres débute. Le vent est présent et la température est plutôt fraîche, mais c’est le début de l’automne et ce sont des conditions météorologiques normales pour la période.
Il était environ 9 h 30. Tout était calme dans la maison de monsieur Charles Deschênes. Rien ne pouvait indiquer un danger lorsque celui-ci la quitta plus tôt le matin pour aller travailler dans l’église. Soudain, pour une raison inexpliquée, une étincelle fut produite par un court-circuit. Un incident qui aurait pu se terminer rapidement si l’étincelle avait atterri sur une surface ininflammable.
Malheureusement, ce ne fut pas le cas.
Après Rimouski et Cabano, deux villes qui avaient été éprouvées par des incendies spectaculaires le printemps précédent, l’adage qui dit « Jamais deux sans trois » s’est réalisé et le mauvais sort s’est abattu sur Padoue qui deviendra la troisième municipalité de la région à subir pareil désastre.
L’abbé Albert Lamontagne aperçut donc rapidement la fumée s’échappant de la maison de monsieur Deschênes. Il sonna immédiatement l’alarme.
Monsieur Deschênes entendant l’alarme durant ses travaux s’empressa de sortir de l’église pour voir ce qui se passait. Une vision d’horreur l’attendait. Sa propre maison était en flammes. Sans trop réfléchir, il se rendit rapidement chez lui pour chercher son épouse. En entrant dans la maison, la fumée trop intense s’engouffrant dans ses poumons, il s’affaissa presque aussitôt sur le plancher. La structure de celui-ci était déjà très affectée par le feu et ne tint pas le coup. L’homme se retrouva ainsi dans la cave.
Prenant son courage à deux mains, monsieur le curé descendit la rue rapidement, malgré son sérieux handicap à une jambe, pour se rendre sur les lieux du drame.
Ne voyant pas Charles ressortir de la maison, il entra à son tour dans le bâtiment. Bravant l’incendie, il se fraya un chemin à travers les flammes et la fumée qui s’étendait maintenant à toute la maison. Le temps de quelques minutes qui durent lui paraître une éternité, ce brave curé était devenu un héros et sortait monsieur Deschênes toujours vivant à l’extérieur de la maison en feu.
Après ce sauvetage, les choses se précipitèrent. Il fallait évacuer les maisons environnantes et le couvent. L’alerte était donnée et on essayait du mieux que l’on pouvait d’éteindre l’incendie.
On fit rapidement appel à la brigade d’incendie de Mont-Joli et des pompes à incendie arrivèrent également de Sainte-Angèle-de-Mérici et de Saint-Noël. Malheureusement, l’eau fit défaut, le ruisseau longeant le village fut rapidement à sec.
Le C.N.R (Canadian National Railway) envoya deux wagons-citernes à Saint-Noël pour les remplir dans la rivière Tartigou et le Ministère des Terres et Forêts installa un camion-citerne dans un marais près du désastre pour pomper le peu d’eau qui s’y trouvait.
Près de 400 personnes des municipalités avoisinantes, d’aussi loin que Sayabec et Amqui, vinrent offrir leur aide. L’eau étant très limitée, elles concentrèrent leurs efforts pour vider les maisons les plus menacées et desquelles il était toujours possible d’approcher. Monsieur Arthur Roy de Saint-Octave s’attira la reconnaissance de nombreux sinistrés en arrivant rapidement avec des camions et ses employés. Ils permirent de sauver le mobilier de plusieurs familles.
Malgré les efforts incessants des pompiers, ce n’est que vers 15 heures que l’incendie fut finalement maîtrisé. À ce stade, il ne restait qu’à constater les dégâts et apporter de l’aide aux familles maintenant sans logis.
Bilan des pertes attribuables à l’incendie : la salle paroissiale, 17 maisons, 2 granges et 1 boutique sont totalement détruites. Les familles de Léopold L’Italien, Oscar Jean, Paul Brousseau, Charles Deschênes, Isidore Beaulieu, Alphonse Carroll, Jean Gaudreau, Alphonse Paradis, Henri-Paul Laflamme, Wilfrid Bérubé, journalier, Fortunat Banville, Alphonse Beaulieu, Viateur Béland, André Lecours, et Wilfrid Bérubé, cultivateur sont touchées. Les granges sont celles de messieurs Odilon Pelletier et Wilfrid Bérubé. La boutique de bois appartenait quant à elle à Fortunat Banville et Bernard Brousseau.
Les dommages sont évalués à plus de 100 000 $ et certains avancent même le chiffre de 150 000 $. La plupart des sinistrés n’étaient pas assurés.
La reconstruction
L’hiver était à la porte et malgré cela, on décida de commencer la reconstruction. Les corvées se multiplièrent, chacun y mettant du sien afin de rebâtir le plus rapidement possible.
Un mois après l’événement, cinq charpentes de maisons étaient montées.
À la fin de l’été 1951, les familles étaient toutes entrées dans leur nouvelle maison.